CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1441 

 

 

n°1441
 
" L'héritière "

 

 

(1949)-(Am)(1h55)  -      Drame romantique  

 

Réal. :     William Wyler   

 

 

Acteurs:  O.de Havilland, M.Clift, R.Richardson ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Ce film est d’une puissance incroyable (et son nombre de notes un scandale)! L’histoire d’une jeune héritière disgracieuse et renfermée qui reçoit soudain les avances d’un beau jeune homme sans le sou. Est-il sincère ou non? A partir de ce point de départ, le film nourrit l’incertitude, non seulement sur l’issue du film, mais aussi sur le genre auquel il appartient. Entre comédie romantique et tragédie, on ne sait tout simplement pas vers quoi on tend. La maladresse de Catherine est vraiment très drôle, mais la figure du père soupçonneux est vraiment très inquiétante. Olivia de Havilland est vraiment très touchante et vulnérable, mais Montgomery Clift est vraiment très charmant et convaincant. Cette dualité est renouvelée jusqu’à l’ultime dénouement de ce film qui multiplie les fausses fins au point de devenir totalement jouissif et imprévisible. Je ne crois pas avoir déjà été à ce point suspendu à l’issue d’une histoire, et jamais, c’est sûr, pour un film des années 40.  Après 3e visionnage, ça reste un petit chef-d'oeuvre.

 

Et dire que le Mulhousien William Wyler n'est connu que pour Ben Hur ! Tout cela est sans compter les innombrables chefs-d'œuvres qqu'il réalisa avant et après ce monument. L'Héritière fait donc partie de ce lot prestigieux avec sa puissance évocatrice, son drame shakespearien et la simplicité de son scénario. Derrière sa caméra, William Wyler organise ses acteurs comme les pièces d'une gentille fresque urbaine, donnant ici et là quelques touches de couleurs et suffisamment de lumière pour éclairer ses personnages. Au milieu de cette ronde subtile, le bal des acteurs est un ravissement : Montgomery Clift bien sûr, mais surtout l'incomparable Olivia de Havilland qui trouve là un rôle de femme digne d'une Scarlett O'Hara. 

Wyler est au cinéma américain ce que Henri Verneuil est au cinéma français avec le coté chatoyant américain en plus. Wyler est, comme Verneuil, un excellent directeur d’acteurs, acteurs qui dans ''l'héritière''  sont étincelants, Wyler arrive même a atténuer le jeu inné décalé de Montgomery Clift. L'héritière baigne indiscutablement dans le classique mais quel plaisir de regarder toute la beauté des personnages, de leurs habits et de tout ce qui les entoure.Le scénario de l’ Héritière' est d'une grande subtilité, Wyler qui apporte au septième art les fondamentaux nécessaires pour ressentir les subtilités de Cukor ou de Wilder ou l'intelligence de Mankiewitz.

Pour moi un classique instantané ce film ! Wyler est réputé pour de très grands films, mais celui-ci restera de loin mon préféré. Tout est parfait, la mise en scène, les acteurs, les décors, la musique. Je l'ai même revu une seconde fois le lendemain pour noter toutes les subtilités du jeu d'acteur et de la réalisation. Et c'est fort, très fort !

 

L'Héritière" est un film un peu inclassable. La première partie du film est légère, drôle, une jeune fille timide est amoureuse d'un homme charmant : on dirait une comédie romantique dans toute sa splendeur. Mais la jeune fille est riche, le jeune homme fauché, et la père de la mariée s'oppose à l'union : le film bascule alors dans le drame. Il y a même un peu de suspense : faut-il croire en la sincérité du jeune homme ou aux soupçons du père ? William Wyler joue très bien avec les genres, tout comme Olivia de Havilland : tout d'abord naïve et maladroite, elle se transforme en femme sûre d'elle, glaciale et cynique. Elle a amplement mérité son Oscar. Face à elle, Montgomery Clift, dont ce n'est que le troisième film, ne démérite pas : son jeu est d'une étonnante modernité pour un film datant de 1949. La fin, un peu abrupte, peut en revanche décevoir et décontenancer le spectateur.

Quelquefois les chef-d'oeuvre annoncés n'en sont pas, loin s'en faut! certes une photographie soignée, des acteurs confirmés et une atmosphère "restituée" mais la simplicité du scénario (quand je pense que c'est adapté d'Henry James, je suis étonné !)et le dénouement qui tombe "à plat" font qu'au final on se dit : tout ça pour ça! dommage... sans doute à resituer dans le contexte du cinéma de l'époque mais au final, à part la première partie qui prend son temps pour installer les personnages, plus d'ennui que de réelle satisfaction.

 

William Wyler adapte ici une pièce de théâtre. Sa direction d’acteurs et sa mise en scène très classiques maintiennent dans le film des attributs théâtraux. L'héritière permit à Olivia de Havilland d’obtenir un second Oscar, fruit d'une réelle performance d'interprétation d'un personnage traversant plusieurs états psychiques. Ce long métrage permet également d’entendre Montgomery Clift chanter en français quelques couplets de Plaisir d’amour. La partition de cette chanson est d’ailleurs le thème principal de la B.O. de L’Héritière.

 

 

 

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