CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1319 

 

 

n°1319
 
" Le Messager "

 

 

(1971)-(An)(1h55)  -      Drame   

 

Réal. :     Joseph  Losey   

 

 

Acteurs:  J.Christie, A.Bates, D.Guard ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Troisième et dernier film issu de sa collaboration avec Pinter (après The Servant et Accident), Le Messager est l’un des plus aboutis de Joseph Losey. C’est un film inspiré, à la symbolique riche, d’une intelligence rare où le moindre son, la moindre tache de lumière sont à prendre en compte. D’entrée, le cadre est annoncé : une campagne anglaise magnifique, écrasée sous un soleil inhabituel qui fait surgir des pulsions dérangeantes et la musique obsédante de Michel Legrand qui tour à tour souligne les images ou s’offre à elles en contrepoint. Sur le fond, il s’agit d’une étude supplémentaire de la relation du maître et de l’esclave, déjà chère a Aristote et déjà magistralement exposée dans The Servant. On pense bien sûr à L’Amant de Lady Chatterley, mais le propos est ici à la fois plus serré (pas de satire économique) et plus pessimiste dans sa conclusion avec une fin inéluctable, comme il en va habituellement dans le théâtre de Pinter. Julie Christie, immense actrice qui n’a peut-être jamais été aussi belle, réussit le tour de force de faire émaner d’elle beauté hiératique et sensualité torride à la fois. Alan Bates est parfait dans un rôle de granit, presque muet. Quant au jeune Dominic Guard, il est à jamais inoubliable pour l’expression de ses grands yeux ouverts sur sa candeur brisée. Son personnage apporte tout le relief de l’œuvre que nous ne cessons de voir par son regard, justement. La fin (en « flash forward ») est d’une beauté cruelle, en forme de gouttes de pluie ruisselant sur une vitre ou de symphonie à jamais inachevée. Un chef-d’œuvre à voir ou à revoir de toute urgence.

La violence de la vérité finale est brutale. Pour la famille évidemment mais aussi pour "le messager" qui a, dès l'instant où il pénètre cette ferme qu'il a si souvent visitée, la certitude qu'un amour véritable peut être source d'un grand malheur. Un film superbe sur le désir, la passion et les convenances d'un monde qui n'entrevoyait pas mais qui lui ouvre la voie d'une compréhension de la vie.... La naïveté se transforme délicatement en maturité et c'est surtout cette dernière parole de Marianne âgée que je trouve magnifique sur les conséquences de cet amour interdit....

Le Messager fait parti de ces très rares films qui ont réussi à me captiver juste par la beauté des images, et par une mise en scène remarquable (un peu comme 2001). Tout est remarquable dans le film. La photographie est magistrale (n'allons pas jusqu'à dire que ça vaut Barry Lyndon, mais tout de même), la mise en scène est excellente (ça fait plaisir de voir quelqu'un qui n'a pas peur de faire autre choses que des plans rapprochés au passage). A part ça l'histoire pourra en déconcerter, voire en ennuyer plus d'un. Il est vrai que c'est très lent, mais pour moi ce film est un film d'ambiance, un film de ressentis, un film où il y a beaucoup de choses à comprendre par la symbolique, où tout se passe surtout au niveau des comportements des personnages. Car le film n'est pas un film facile, non, il ne donne pas tout au spectateur, mais lui permet de réfléchir sur certains aspects. Le récit a toujours un aspect lancinant, fascinant, hypnotisant. Je ne comprends pas pourquoi ce film n'est pas plus connu. C'est pourtant un accomplissement remarquable, où l'art du septième art est particulièrement mis en exergue. Remarquable.

Le sommet de la carrière de Losey. "Le Messager" met en scène l'éveil du désir chez un enfant qui, confronté trop tôt à la dure réalité du monde des adultes, verra sa vie détruite par cet été et par la découverte trop brutale de la sexualité. Losey place d'emblée le film dans le genre dramatique, le générique d'ouverture se déroulant sur une vitre battue par la pluie. Pluie qui reviendra à la fin, l'été brûlant se terminant dans les larmes. L'image surexposée, faisant baigner l'idyllique campagne anglaise dans une lumière aveuglante et d'une grande sensualité, fait ressortir les pulsions cachées des personnages, dissimulées au fond de leur âme, sous leurs vêtements d'un blanc immaculé. D'où une critique du puritanisme, qui emprisonne les individus et punit ceux qui se osent se révolter.

Un grand film, parfaitement maîtrisé, de Joseph Losey. Un film sur le monde inaccessible de l’aristocratie anglaise, corsetée et arrogante, sous ses aspects bienveillants mais aussi sur le monde difficile d’accès des adultes. Un film d’une grande beauté visuelle, illuminée par le charme de Julie Christie et la splendeur de la campagne anglaise (le Norfolk).

Ils sont peu nombreux les films devant lesquels j'aurais voulu rester encore des heures. The Go-Between en fait partie. C'est un film inépuisable, au sens sans cesse renouvelé, et d'une rare beauté. Si le messager occupe la place principale, les messages, les significations, les symboles volent de toute part, emportés admirablement par la musique de Michel Legrand. Les paysages anglais sont sublimés par des plans magistraux et transcendants. Un film subtil et tranchant, parfaitement maîtrisé.

Un film d'une envoûtante beauté! D'après un roman de L.P Hartley et d' après un scénario d'une finesse inhabituelle de Harold Pinter, le grand Joseph Losey remonte aux origines victoriennes de la décadence anglo-saxonne à travers une analyse du puritanisme et de la frustration sexuelle! L'orphelin du film, hors de tout préjugé, puisqu'il est innocent, élabore des rapports complexes et ténus, subtils et fragiles avec les deux adultes (Julie Christie et Alan Sir Bates sont remarquables) qu'il investit magiquement de significations perceptibles de lui seul! Jusqu'au jour où, dans l'accélération des évènements qui se précipitent, il dècouvrira l'accouplement physique de ses "parents". Cette révélation de ce que Freud appela la "scène primitive" consume le regard de l'enfant! Alors apparaît sur l'ècran le visage d'un homme déjà vieux, sans amour, le narrateur et le témoin, le messager d'hier, le confident d'aujourd'hui! Et cela donne au final l'une des oeuvres les plus personnelles de Losey qui reçut la Palme d'Or au festival de Cannes, bien méritée...

 

Une assez belle composition de l'aristocratie anglaise au XIXe siècle, mais passée l'intrigue et lien qui se noue entre l'oeil de l'enfant et le spectateur, il ne reste pas grand chose pour véritablement convaincre. Reste le jeu des acteurs tout à fait admirable, et de Julie Christie en particulier.

Ah, l'amour impossible entre deux êtres appartenant à des classes sociales différentes ! Joseph Losey crée son univers si particulier, que j'ai déjà pu apprécier dans "L'accident". Seul bémol, le rythme est bien lent et certaines séquences m'ont paru superflues (cricket...). Dans l'ensemble, il se passe peu de choses. Là n'est pas l'essentiel, me direz-vous... On suit le rôle à la fois gratifiant et très ingrat d'un "messager", un enfant de treize ans qui fait le courrier entre deux amants dont l'amour doit être tu. L'air irrespirable de la vie d'une famille aristocratique est dépeint avec soin. Le film est réellement prenant et mérite d'être vu.

 

 

 

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