Ce film s'inscrit directement
comme un vrai Melville : c'est lent, très lent, les mouvements de
caméra sont délicats, Melville aime beaucoup montrer ses personnages
effectuer leurs actions en silence. Au début, j'ai eu du mal à
rentrer dans le film, à cause de cette lenteur de l'action, et ce
malgré le fait que j'ai vu l'Armée des ombres. Mais au bout d'un
moment je me suis habitué à ce choix et je n'ai pu qu'admirer le
travail de mise en scène méticuleux de l'œuvre, avec surtout cette
scène de casse muette, lente et fascinante.
Chef d’œuvre absolu du film noir et "du
casse", ce film a inspiré de nombreux réalisateurs étrangers
(américains et asiatiques) qui ont débutés ces 20 dernières années.
C'est donc un maître étalon qui permet de juger de la qualité des
films brodés sur le même schéma. Il faut dire qu'on n'a rien fait de
mieux depuis ! A chaque
visionnage, j'admire: - la précision d'orfèvre de la mise en scène
de Jean-Pierre Melville, - la solidité et la profondeur du scénario
grâce à une psychologie des personnages bien plus nuancées que ne
laisse paraître le respect des codes du genre, subtilement
détournés.
Alain Delon, charismatique, vous
convainc qu'un grand acteur n'a pas besoin de beaucoup de dialogues
pour manifester sa présence et son talent... Il suffit des regards
et des gestes - François Périer, parfait, comme à son habitude,
maniant avec équilibre l'autorité et la fragilité de son personnage.
Beaucoup plus de réserve sur le jeu de Gian Maria Volonté, le seul
bémol du film ? Est-ce dû au doublage du comédien italien ? Mais en
tout cas, son interprétation de Vogel, ennemi public n°1, ne suscite
pas autant l'effroi qu'il aurait fallu. A ranger parmi les meilleurs
films du monde, avec "L'Armée des ombres".
Le Cercle rouge" est un grand film
policier, réalisé par un des réalisateurs de La Nouvelle Vague,
Jean-Pierre Melville, qui signe sans doute là son plus grand film.
Le scénario est impeccable, tout comme la mise en scène, mais ce que
l’on retient de ce film en premier, c’est le jeu des acteurs. Je
commencerai par un acteur plus habitué aux rôles comiques et légers
: Bourvil. Dans ce film, il prouve à tout le monde qu’il est capable
d'étendre sa palette à des registres plus dramatiques et être tout
aussi bon, si ce n’est meilleur.
Le film comporte de véritables moments
d'anthologie, comme le casse réalisé dans un silence assourdissant
ou la fin, mémorable, où l'on comprend la signification du texte
d'introduction."Le Cercle rouge" est un chef-d'oeuvre, qui n’a rien
à envier aux meilleurs polars américains.
Melville aux commandes d'un film policier d'une
noirceur indicible. Delon range son physique de La Piscine au
placard pour devenir un malfrat fantomatique tout juste sorti de
prison et qui tente de perpétuer son itinéraire de marginal. Il
s'associe avec deux autres individus obscurs, incarnés par Gian
Maria Volonte et Yves Montand, pour dévaliser une bijouterie. La fin
du périple sera sans issue, sans espoir quelconque de revenir en
arrière pour ceux qui ont décidé d'être les acteurs d'une vie
parallèle, asociale, glaciale, tortueuse et risquée. Montand
apparaît à l'écran et agonise déjà comme pour exprimer toute la
suffocation intrinsèque du film dont l'austérité et l'opacité de la
mise en scène participe à la vision très noire du film. Nous ne
connaissons rien de tous ces spectres qui traversent Le Cercle Rouge
et qui derrière l'épaisseur d'une brume très épaisse ne trouveront
guère plus de lumière.
Le
casting est alléchant, Bourvil dans un de ses seuls rôles
dramatiques (son avant dernier film avant son décès), Alain Delon
dégageant un charisme naturel (même avec une moustache) et Yves
Montand, qui rien que par sa présence glorifie la mise en scène. Par
contre j'ai trouvé les dialogues un peu trop monocordes, même si
d'une grande qualité d'écriture, on en perd un peu en degré
d'immersion. Mais de manière globale c'est un bon polar, je ne cache
pas tout de même que je m'attendais à mieux.
Un casting incroyable pour ce polar à la française, Bourvil y
est surprenant dans ce rôle de Commissaire taciturne, cependant ce
film est très lent et comporte beaucoup de longueur...
Ce polar sombre de 2h20 est le résultat d'un travail
méticuleux. Une ambiance cafardeuse et chargée, un environnement
taciturne et morose. La construction de cette oeuvre fait preuve de
justesse. Malheureusement la magie n'opère pas vraiment.. Rien de
captivant, galvanisant, poignant. À l'image d'Alain Delon, la
sobriété règne. Ni lassant ni subjuguant, nous restons entre deux
eaux sans jamais se faire un sang d'encre pour les protagonistes. Un
film moyen, accompagné d'un manque de lyrisme certain.
Un bon film certes mais qui a pris un bon gros coup de vieux
et qui mériterait un remontage avec 20-30 bonnes minutes de moins.
Dommage aussi que Delon soit dedans puisqu'il est égal à lui-même,
un peu à la façon d'un Brad Pitt, c'est-à-dire aussi expressif
qu'une moule cuite. Par contre c'est toujours un vrai plaisir de
retrouver Bourvil et de voir à quel point cet homme était un acteur
extraordinaire, il nous manque énormément.
Le cercle rouge est pour moi le
prototype parfait du film fabriqué de A à Z sans aucune étincelle
artistique, froid comme un glaçon mais suffisamment intéressant par
son scénario et ses acteurs pour tenir en haleine plus de deux
heures durant les spectateurs. Quant à le revoir pour l'émotion
dégagée par la mise en scène, c'est une autre histoire. Deux
séquences sont particulièrement édifiantes de la façon dont Melville
conçoit le cinéma : la première est la crise de delirium tremens
traitée avec un réalisme incongru puisque tout est forcement rêvé,
la seconde est une esbroufe, inacceptable intellectuellement,
lorsque Yves Montant après avoir sorti tout son matériel de
précision s'empare de son fusil et tire sans presque viser. Quant à
la morale de cette histoire : les hommes naissant purs mais devenant
tous coupables, c'est criminel pour moi d'accepter une telle
idiotie. Lorsque Melville
n'adapte pas un roman, ses films sont trop schématiques. L'idée
était prometteuse d'engager Bourvil pour un rôle à contre-emploi.
Encore aurait-il fallu que ce rôle fût à sa mesure. En quoi son
commissaire Mattéi se distingue-t-il d'un flic ordinaire ? Par le
fait qu'il vit seul avec trois chats ? Delon reprend son personnage
du Samouraï. Pas de surprise de ce côté là. Volonté joue un truand
classique. Quand on songe aux grands rôles qu'il a interprétés dans
les films politiques italiens... Le plus horripilant, c'est la
psychologie à deux balles de l'"Inspecteur général des services" :
"tous les hommes sont coupables" D'ailleurs, on ne comprend pas ce
que ce philosophe à la petite semaine vient faire sur le lieu de
l'action finale, à part radoter ses maximes de monoprix. Bref le
film a bien mal vieilli.
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