C'est un film étrange. En sortant
de la salle, on est un peu déçu, et puis, il s'insinue en vous au
fil des heures. Des images réapparaissent furtivement dans votre
mémoire, continuant à vous intriguer, vous poursuivre. L'histoire
est classique. Des amants dans un hôtel se retrouvent pour faire
l'amour. Mariés tous les deux, ils vivent cette passion charnelle
avec frénésie. Mais la mort de l'époux de l'une puis de l'épouse de
l'autre va gripper cette belle harmonie. Qui a tué ? Sont-ce des
amants diaboliques ? L'un a-t-il manipulé l'autre ?
Un montage
sophistiqué de flash-backs eux même composés de plans fixes,
s'attardant sur des petits détails. Cette manière impressionniste
d'irriguer le récit donne au film un aspect fouillé sans être
vraiment ardu. Ce procédé est de plus magnifié par une très belle
photo vraiment inspirée. Cependant, le réalisateur n'arrive pas à
gommer l'aspect suranné du roman. Sans être un très grand
film, ce thriller franchement bien au point révèle un tas de
subtilités bien mises en avant qui en font tout son charme !
Les aventures des "amants frénétiques" (comme titre la presse
régionale - c'est le nom du roman d'ailleurs) sont (les moments
intimes mis à part) beaucoup plus suggérées que montrées. C'est au
spectateur de compléter le chemin logique qui mène de la chambre
bleue des ébats à la chambre bleue des débats ! Malin et
intelligent.
C'est un roman de Simenon qui a été adapté par Matthieu
Amalric. Une histoire d'amour et de mort, énigmatique à souhait, et
qui, logiquement, devrait captiver... Comment se fait-il, dans ce
cas, que ce film ne m'ait pas davantage convaincu? La faute à une
construction décousue, à une mise en scène un peu "froide"... On
regarde ce film avec intérêt certes, mais sans passion, sans être
touché. J'ai détesté ce film
que j'ai trouvé extrêment prétentieux. Montage et scenario super
alambiqués pour un résultat particulièrement ennuyeux. Aucun relief
dans le film, aucun rythme, aucun vrai amour. Tout y est vain et
vide, la vacuité du propos est immense. Dire que j'avais tant aimé
"Tournée" ... 1h15 d'une
adaptation d'un roman de Simenon, certes filmée mais jouée comme une
pièce de théâtre. Plus les "actes" s'enchaînent et moins nous avons
d'empathie ni même d'intérêt pour ce couple où l'amour est
finalement difficile à percevoir. La psychologie et les motivations
de chaque protagoniste sont d'un flou sidérant.
J'apprécie habituellement les adaptations
de Georges Simenon au cinéma, mais là, ce n'est juste pas possible.
Pour l'anecdote, j'entendais Laurent Weil (le « Monsieur Cinéma de
Canal ») dire qu'on ne voyait en rien le manque de budget et que le
résultat était « immense ». Personnellement, tout ce que j'ai vu
d'immense ici est le vide, la prétention de Mathieu Amalric !
Que raconte vraiment "La Chambre bleue",
qui a tout l'air de vouloir pervertir son scénario par le Style
(sans lequel point d'Auteur) ? Hélas, rien de plus que son pitch, et
ni le format 4/3 ni "l'ambiance" (atmosphérisme chichiteux made in
USA) ne comblent le vide. La fin du film (la Chaconne de Bach pour
injecter in extremis de l'émotion) vire au pompiérisme, et ce malgré
toute la modestie soigneusement affichée. Seule bizarrerie dans
cette petite chose superficielle : son réalisateur ressemble à s'y
méprendre à Régis Laspalès.
Oui, comme l'a dit Mathieu Amalric "Tout
était dans le roman de Simenon"... Malheureusement, il ne reste plus
rien du roman de Simenon, dans le film d'Amalric, quelle prétention,
quelle sécheresse et quelle mauvaise lecture du roman !!! Il y avait
pourtant plein de subtilités à transcrire, à transmettre. Comment
croire à cette passion, tant le film est insipide et gonflé de
suffisance !!! Amalric se
contente de rendre un "devoir" mal écrit, mal filmé et surtout,
carrément hors sujet... A l'école du cinéma, il mérite un zéro
pointé ! |