CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1245 

 

 

n°1245
 
" Yourself and yours "

 

 

(2017)-(S.Cor)(1h26)  -      Comédie dramatique  

 

Réal. :     Hong Sangsoo  

 

 

Acteurs:  K.Ju-Hyeok, L.You-Yong, H.Kwon   ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Le film se métamorphose, dans une dernière partie terrassante, avec cette virtuosité calme, joueuse et profonde, de Hong Sang-soo, aujourd’hui absolument sans égale : comme si le thème se révélait en dernier, après les variations, pour nous cueillir de son évidence.

Un prodige de film, un petit feu d'artifice en chambre, un petit bijou, une bouffée de bonheur.

Déroutant, singulier, drôle, subtil, touchant.

Sur un thème qui sous-tend son cinéma, les rapports entre les hommes et les femmes, Hong Sang Soo poursuit dans cette façon toute de minutie qu’il a de capter une réalité qui semble embuée dans les vapeurs de l’alcool et de la désespérance.

Film réflexif et schizophrène, plus sombre qu’à l’accoutumée, "Yourself and Yours" prépare pourtant une conclusion bouleversante.

Que les néophytes se rassurent, "Yourself and Yours" se savoure également pour lui-même, pour l'humour de ses dialogues et de ses situations incongrues, si drôles et si délicates.

Faire au plus simple et atteindre une telle profondeur nous laisse pantois.

Plusieurs Minjung se présentent en effet tour à tour, interprétées par la même actrice. Du moins est-ce l'impression produite, car le film ne dispense aucune certitude à ce propos, qui peut paraître gentiment paresseux, mais, par son obstination tranquille, par sa liberté, finit par créer une émotion d'autant plus précieuse que rien ne la laissait entrevoir.

L’ennui s’installe vite, traversé de fulgurances qui évoquent la sensibilité de l’auteur, sans justifier sa démarche d’autorecyclage systématique.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Avec la régularité de métronome d'un Woody Allen, chaque année voit la sortie (confidentielle) en salles d'un nouveau Hong Sang-soo. Et pourquoi s'en priver quand on connait la délicatesse des ouvrages tournés par le cinéaste coréen avec un budget nettement inférieur à celui de la cantine dans un blockbuster hollywoodien ? Toutefois, comme Hong aime à toujours travailler sur les mêmes thèmes, soit les relations entre hommes et femmes, le risque est grand de le voir obligé de recycler des idées par nature non illimitées. Ce en quoi l'on se fourvoie car il y a dans chacun de ses films un angle nouveau, une illusion d'optique qui lui confère un air neuf même si la forme est quasi toujours la même.

Mine de rien, une légère touche de fantastique imprègne Yoursel and Yours, là encore une constante chez le cinéaste, de même qu'un humour délicat. Même si pas entièrement convaincu, le spectateur ne pourra cependant rien, sinon admirer, dans l'installation d'un épilogue de toute beauté où apparait in fine le vrai thème du film et par conséquent la malice de son héroïne face à la nature pataude des hommes. Une façon singulière et amusante de dire que la femme est l'avenir de qui vous savez et la personne la plus intelligente du couple.

Plus le film avance, plus Minjung s’entête à ne reconnaitre aucun des hommes qui l’abordent y compris les plus proches amis de Youngsoo…ment-elle, est-elle devenue amnésique, les hommes se trompent-ils ??? On comprend vite que comprendre ne sert strictement à rien et qu’il faut se laisser aller à l’étrangeté de cette histoire….le film est tourné avec peu de moyens, les changements de situations sont rythmés par une augmentation brutale du volume de la musique ponctué d’un écran noir, le coréen est toujours aussi râpeux à nos oreilles occidentales…Autour d’un verre de saké ou d’une bière, les personnages évoluent dans une réalité floue, instable et déformée…une variation sur le vrai et le faux, le réel et son double…un film en trompe l’œil pourrait-on dire…on ne comprend qui de Youngsoo ou de Mijung se prend au jeu de l’autre…le malentendu ne se dissipera pas, le couple trouvant dans cette amnésie, réelle ou supposée le moyen d’échapper à ses contradictions…Le film étant assez court, il se laisse voir sans déplaisir…

Avec son charme habituel, le cinéaste filme l’amour, l’alcool et la confusion des sentiments. Mais c’est la dernière partie, bouleversante et surprenante, qui fait la beauté de ce nouveau film.

 

Les films de Hong Sang-Soo se suivent et se ressemblent beaucoup. Des histoires de cœurs dans Séoul, entre deux beuveries dans un bar. C'est toujours charmant, le principe fonctionnant très bien sur 1h20. On pourrait presque ne pas comprendre l'histoire et de laisser porter par ces élans: qui trompe, qui aime, qui ment, etc Pour celui-ci, c'est une petite cuvée sympathique.

Yourself and yours est une poursuite amoureuse. Un peintre se dispute avec sa copine suite aux rumeurs que les amis à lui ont entendu par rapport à la femme. Elle, déçue, décide de partir un temps. D'une façon surprenante, une femme identique arrive au quartier, draguant avec les hommes habituels des cafés. Mais s'agit-il vraiment de deux personnes différentes ou la femme est en train de charrier les gens? Le scénario torture le peintre lui faisant suivre les indices des voisins qui ont vu la mystérieuse femme. Lui, avec tout l'espoir, va essayer de récupérer sa femme après avoir fait plus confiance aux rumeurs qu'à elle même.

On parle d'un film lumineux, positif et chaleureux. Sauf que cette fois-ci le poids humaniste, la défense de la nature de chaque individu ne vient pas accompagnée d'un exercice si atypique en comparaison avec les films déjà nommés du cinéaste. Yourself and yours devient un des œuvres les plus conventionnelles d'Hong Sang Soo quant à la réalisation mais aussi un des films les plus profond quant au scénario.  

 

Certains grands créateurs ont sans cesse revisité les mêmes schémas : Bach ou Vivaldi en musique, Ozu ou Rohmer au cinéma. Le bât blesse lorsque ces schémas tournent à vide. Et c’est le cas pour Hong Sangsoo. Pour pratiquer l’art de la fugue, encore faut-il savoir fuguer. On peine pour ses acteurs qu’il abandonne avec deux lignes d’indication à des improvisations parfois touchantes, souvent embarrassantes, toujours répétitives. Leurs dialogues sont filmés en plans fixes interminables. Pour leur donner un peu de rythme, le cadreur procède à de brusques zooms que ne s’autoriserait pas un lycéen de première option cinéma. J’avais eu la dent moins dure avec son dernier film en date « Un jour avec, un jour sans » découpé en deux parties à la fois semblables et différentes. Mais ici, le trouble créé autour de l’identité de Minjung (cette femme n’est-elle ni tout à fait la même ni tout à fait une autre ?) fait vite long feu. Et le dénouement, dont je lis dans Le Monde qu’il serait « bouleversant » ne m’a pas touché.

Assurément, elle boit trop. Et lui ne peut pas se passer d'elle. Deux addictions dans un quartier tout à fait pittoresque de Séoul. C'est à peu près la trame de ce "Yourself and Yours" très discursif, et vaguement cinématographique. Car l'œuvre pose un certains nombre de questions dont celle de savoir si l'on a à faire à un film ou une pièce de théâtre, répondant à des décors quasi uniques et une ribambelle de personnages qui se croisent, se parlent, se séduisent, se rejettent et s'aiment. Si l'affiche est très belle et le sujet réjouissant, le contenu, faisant penser à une sorte de marivaudage asiatique, est d'un ennui consternant. Pour autant, le spectateur a juste envie de prendre un billet d'avion pour découvrir ces avenues vertes de Séoul, ces bars lumineux et ces gens bercés au rythme lent de leur vie. C'est un film qui invite au voyage. Mais d'un point de vue cinématographique, il y a quelque chose de résolument absent, comme si les dialogues s'étaient vidés du regard du cinéaste lui-même. S'agit-il d'un film de nouvelle vague à la façon coréenne ? On ne sait pas. Toujours est-il qu'on se sera beaucoup ennuyé.

 

 

 

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