CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1208 

 

 

n°1208
 
" La maman et la putain "

 

 

(1973)-(Fr)(3h35)  -      Drame   

 

Réal. :     Jean  Eustache  

 

 

Acteurs:  B.Lafont, J.-P. Léaud, F.Lebrun ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première      France Soir     Elle     Ouest France     Le Nouvel Obs    La Croix 

 

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

La maman et la putain est un film qui intrigue, non seulement par son titre mais également par les nombreux thèmes abordés qui s'inscrivent directement dans le contexte post-mai 68. Mais contrairement à ce que l'on pourrait d'abord penser, au lieu de faire l'apologie des acquis de cette période, à savoir l'évolution des rapports hommes/femmes, une redéfinition des relations amoureuses, une libération des moeurs, le réalisateur s'attache à montrer l'écœurement provoqué par cette vie de jouissance et semble privilégier une vision traditionnelle de la vie de couple symbolisée à la fin par la demande en mariage d'Alexandre à Veronika. La Maman et la Putain est un œuvre sublime portée par un trio d'acteurs étonnant qui nous immerge pendant près de trois heures trente dans un magnifique Paris en noir et blanc. Une œuvre majeure du cinéma français.

Un film culte. Un film à voir. Un ovni. Un film qui ne pourrait certainement plus se faire de nos jours. 4h, du noir et blanc, un triangle amoureux interprétés par trois acteurs touchés par la grâce. Un film qui dépeint formidablement l'ambiance du Paris d'apres Mai 68 des jeunes branleurs intellos qui se cherchent et se questionnent sur l'amour et le sexe pour au final aboutir à un schéma plus classique qui fera finalement d'eux des bourgeois. Les dialogues sont inoubliables (on est pas loin de Seinfeld), presque chantés (le long monologue de Veronika à la fin du film a inspiré une chanson à Diabologum). Les personnages secondaires sont fascinants. Des originaux à la limite de la marginalité qui disent exactement ce qu'ils pensent sans se soucier de leur interlocteur. En fait dans la maman et la putain chacun déverse son quotidien sur l'autre, même et surtout, si celui ci ne présente aucun interêt. Ce film est magique, audacieux, vrai et ne s'encombre d'aucun artifice pour séduire le plus grand nombre. Un cri de Jean Eustache.

Ça fait tout drôle, quand on est étudiant en cinéma (vaste programme !) : on en a entendu parlé, porté par des admirateurs emphatiques chez qui on sent une vibration inhabutelle lorsqu'ils évoquent le "monologue" ! C'est donc curieux et intrigué que l'on pénètre dans la salle... un mois plus tard j'en ai encore les larmes aux yeux. Les mots sont inutiles devant une oeuvre pareille. Proust a découragé plus d'un écrivain du dimanche à se lancer, aussi, comment faire des films après une telle merveille. C'est d'une beauté inouïe, un des plus beaux films du monde... ça y'est, c'est malin... je suis toute émoustillée !

Un film aussi bavard s’étirant sur plus de trois heures et demie est forcément difficile à aborder et ne peut que contenir quelques longueurs narratives mais il faut reconnaitre que la qualité d’écriture avec laquelle Jean Eustache a signé son meilleur film, que l’on peut à juste titre considérer comme étant le dernier grand film à rattacher au mouvement de la Nouvelle Vague, rend les échanges que fait Alexandre avec ses différentes compagnes tout à fait passionnants. C’est parce qu’il se permet une liberté de ton dépassant tous les tabous, notamment autour du sexe, qu’il revient, à grands coups de références culturelles, sur l’esprit propre à l’époque de mai 68 et que les acteurs sont au sommet de leur talent (Jean-Pierre Léaud et Bernadette Lafont, en particulier, y sont plus convaincants et sensuels que jamais) que ce film réussit à nous faire oublier à quel point sa mise en scène peut être minimaliste pour nous emporter dans un flot de poésie et de sensibilité.

Pour moi, le meilleur film de toute l'histoire du cinéma. Si le cinéma n'avait été inventé que pour faire ce film, alors ça valait le coup d'inventer le cinéma

C'est d'une exigence artistique rare, surtout dans la manière du réalisateur d'oser aller jusqu'au bout de la contemplation. Par exemple une scène bâtie autour d'une chanson enregistrée dure tout le temps du morceau, pas d'effets de montage pour abréger. Eustache a un art élaboré du contraste et de la distanciation. Les dialogues peuvent être très crus tout en étant très écrits. Les amants ne cessent de se vouvoyer jusque bout de l‘intimité. Il est mis en scène un petit monde plein de vacuité mais animé d'un humour désinvolte irrésistible. On rit beaucoup avant que la douleur n’affleure puis le terrible dégoût de la fin et on est pris à la gorge par la masse de désespoir qu’ils traduisent. Le terme "crépusculaire" n’est pas galvaudé pour qualifier ce film. Je n'ai pas le souvenir d’avoir vu Jean-Pierre Léaud donner à ce point la mesure de son génie de comédien.

 

Un peu le reflet de la petite bourgeoisie réactionnaire égocentrée, sensible mais intellectualisé, radical mais un brin obsolète, un film qui tient debout grâce à ses personnages d’une oisiveté autant attachante qu’insupportable, c’est rempli de contrastes, la mise en scène de Eustache se désintéresse de toute idée naturaliste pour plonger dans des flots de dialogues/monologues interminables, tellement interminables qu’on fini par en capter la musicalité d’un certain sens. Alexandre se dévoile et communique sa passion narcissique, et les femmes se confrontent à lui puis à elles-mêmes, on ne sait pas trop où est l’amour là dedans, tout n’est que mots ou sexualité désincarnée, d’où le monologue final (un poil cliché) de Veronika pour en quelque sorte casser le rêve soixante-huitard. Au final les 3h30 se sentent passer, clairement, mais subsistent des fulgurances admirables et fascinantes, à mi chemin entre Godard et Rohmer, dans un univers terne et mélancolique où se mélangent détachement et introspection, pas facile d’accès.

Avec son statut de film mythique il a tout pour excité la curiosité de n'importe quelle cinéphile. Eustache retranscrit très bien l'atmosphère du Paris de l'époque. Un triangle amoureux, trois jeunes gens un peu paumés et qui s'aiment. Une sexualité libérée, ont fait l'amour on parle d'amour. C'est un film sur la souffrance que peut engendrer l'amour tout simplement. Une narration libre, de grands monologues interminables et parfois répétitifs. Les dialogues sont beaux, même si je crois que je n'ai jamais autant entendu le mot "baiser" dans un film, ce n'est pas que cela me gène, mais bon la langue Française est riche. Ce n'est pas un film facile à suivre, d'ailleurs j'ai souvent décroché. Pourquoi autant de bavardage pour un dénouement aussi simple? Trop long par moment, trop bavard et même les acteurs ne sont pas toujours au niveau et je parle surtout de Jean pierre léaud. C'est un film à voir surtout pour enrichir sa cinéphilie.

 

Jean Eustache reprend donc, pour mon plus grand malheur, les codes de la Nouvelle vague en nous pondant un film de près de 3h30 !!!!!!!!!! Quelle torture nous inflige-t-il là ? Durant toute cette durée, le cinéaste nous raconte l'histoire compliquée d'un triangle amoureux avec au centre Alexandre, alter-ego de Jean Eustache lui-même, nous déballant tout le long ses états d'âme et réflexions sur l'amour et autres sujets. Les films bavards ne me font pas peur mais encore faut-il qu'ils soient bien faits. Au lieu de cela, on se tape des acteurs qui récitent platement leur texte, sans émotion ni conviction. Les échanges eux-mêmes sont d'une banalité enrobée de pédantisme et d'un certain parisianisme. Pour éviter la mauvaise foi, j'admets que certains dialogues et quelques répliques m'ont séduis mais bien trop peu en comparaison de cet amas de logorrhées. Du coup, l'ennui a dominé, secoué par de trop rares pointes d'intérêt.

Il faut vraiment aimer le genre. Personnellement, je trouve qu'il s'agit d'une grosse masturbation psycho-artistiquo-intellectuelle. Si vous n'arrivez pas à vous endormir, essayez ce film, c'est pire que le valium. Je reconnais, objectivement, c'est sans doute un chef d'oeuvre, mais subjectivement : c'est chiant.

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA