Adaptation sulfureuse d'un roman
sulfureux, Buñuel sait s'attarder sur chacun des personnages pour le
décrire avec précision, et son film est comme une pièce de théâtre
où chaque protagoniste nous livre sans détour ses envies, ses
ambitions, ses haines et ses remords. Cruel et dérangeant, Le
Journal d'une femme de chambre est l'un des Buñuel les plus aboutis,
l'un de ceux qui permettent de dire de son auteur qu'il est l'un des
metteurs en scène les plus marquants de l'histoire du Cinéma.
LE classique à voir qui se passe de tout
commentaire.
Encore une fois il n' y a rien à redire
de ce film, il est parfait comme "presque" tous les films de Bunuel;
certaines scènes et certains propos sont d'une actualité éclatante;
il s'est un peu éloigné du roman de Mirbau, mais au final il est
resté fidèle à l'idée principal du roman, une certaine hypocrisie de
la bourgeoisie et une vision extrémiste du "petit peuple".
Il s'agit de se moquer ouvertement d'une
famille bourgeoise très stricte au demeurant : la femme frigide
domine ce monde glacial, le mari essaie tant bien que mal par la
chasse ( métaphore de la masturbation ? ) d'oublier les privations
sexuelles et drague toutes les bonnes, belles ou laides qu'il
trouve, et le vieux père, respectable en apparence, fantasme sur les
bottines. Vient ensuite une histoire de meurtre qui ne sera jamais
résolue, le spectateur tout comme Célestine ne saura jamais qui est
vraiment l'auteur du crime.
Qu'on arrête de dire que les films de
Buñuel sont des critiques de la bourgeoisie, ce n'est pas seulement
la bourgeoisie qu'il critique c'est la nature humaine. (à ce que je
sache la pire ordure du film, joué par Géret, n'a rien d'un
bourgeois !) On n'a pas assez insisté sur le rôle de Michel Piccoli,
pourtant excellent comme à ses habitudes. Jeanne Moreau est sublime
dans ce rôle où tout le film nous la montre d'une lucidité extrême
(elle ira même jusqu'à coucher avec Géret et se parjurer, rien que
pour obtenir sa confiance), puis quand elle constatera que la
justice ne fonctionne pas, elle épousera un vieux réac en attendant
qu'il claque. Si on peut regretter une certaine propension du
scénario à parfois trop caricaturer, le film n'en reste pas moins un
chef d'œuvre.
Bunuel s’en prend à la petite
bourgeoisie provinciale dont l'hypocrisie de façade est démantelée
par une femme de chambre intelligente et subversive, au clergé (qui
pardonne les caresses faites deux fois par semaine par Madame à
Monsieur en échange de la réfection du toit de l’église), aux ligues
Nationalistes anti-métèques, aux militaristes…. Excellent film où le
réel et l’imaginaire se mêlent étroitement pour ne former qu’un : Le
réel par cette peinture acerbe de la classe dite dominante,
l’imaginaire en laissant planer des doutes et des zones d’ombre sur
l’histoire.
Un des meilleur Bunuel, techniquement
c'est parfait. Un film d'une extrême violence dans l'ambiance
feutrée de la bourgeoisie, sans doute le meilleur rôle de Jeanne
Moreau.
Dans une ambiance d'avant-guerre qui
annonce la couleur des évènements à venir, Bunuel réalise un tableau
subtil et passionnant de la vie de personnes fortunées à la
campagne. Célestine , merveilleusement incarnée par Jeanne Moreau,
est un personnage singulier , imprévisible , et d'une intelligence
défiant tous soupçons. Le Journal d'une femme de chambre de Bunuel
contient tous les ingrédients d'un excellent film à voir absolument
!
Assez déçu par ce Buñuel, le début laissait présager un très
bon film et la seconde partie m'a fortement déplu. Début du film
Célestine (Jeanne Moreau) rentre au service d'une famille bourgeoise
composée d'un fétichiste des pieds, d'un homme frustré sexuellement
à cause de sa femme frigide, bref le début promet beaucoup. Par
contre la seconde partie prend un aspect totalement différent ou les
fils de putes seront à l'honneur, je ne dirai rien d'autre sur cette
seconde partie, qui en plus de plomber le film possède un final
mauvais, qui comme j'ai dit m'a beaucoup déplu. Au final, il reste
une critique de la bourgeoisie réussie, qui comporte quelques bonnes
scènes, comme celle ou Jeanne Moreau danse avec des bottines pour
faire fantasmer le papy.
Buñuel fait encore une critique de la bourgeoisie mêlée ici a
la montée de l’extrême droite et notamment des ligues dans les
années 20. Sujet très intéressant au demeurant. Bien sur on peut
dire que les acteurs sont très bien que se soit Jeanne Moreau ou
Jean Ozenne mais Buñuel me déçoit, dans une mesure toute relative et
toutes proportions gardées. On ne comprend pas forcément tout, les
buts des uns et des autres, c’est assez lent, il n’y a pas vraiment
d’enquête mais pourtant on arrête quelqu'un. J’ai largement préféré
Le charme discret de la bourgeoisie.
Buñuel reste maitre dans l'art du portrait et chaque
personnage est décrit avec minutie, il nous expose ses pulsions, ses
passions et ses haines. Jeanne Moreau, l’actrice principale est
sublime dans ce rôle de femme de chambre évoluant dans ce monde
nauséabond et hypocrite. Elle va faire tout son possible pour en
montrer les travers et faire éclater la vérité sur un meurtre. La
fin du film laisse un goût d'inachevé et un peu décevante surtout
quand on sait ce dont est capable Buñuel.
Les critiques ont beau dire que c'est un
magnifique film qui dépeint une société en voie de pourrissement et
tout.. et tout... Mais à la fin, on a quoi ? Quasiment rien !
L'intrigue se résume juste au titre à savoir le quotidien d'une
femme de chambre. Après, on s'ennuie ferme ! Bon, les images sont
très belles. C'est toujours un réel plaisir de voir ces peintures de
l'époque. On comprend l'implicite du réalisateur, à dénoncer ceux
qu'il déplore en présentant de façon satirique les choses (racisme,
antisémitisme, extrême droite, etc) mais ça ne remplit pas un
film... Jeanne Moreau est très bien mais dans son rôle, pas de
doute. En plus l'intrigue est quasi inexistante mais en plus on
reste sur notre faim... Bunuel use d'ellipse narrative au moment "le
plus intéressant". Ainsi, un film critique implicite où on s'ennuie
beaucoup. A passer.
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