CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1094 

 

 

n°1094
 
" Le cheval de Turin "

 

 

(2011)-(Fr,Hon,All,Sui)(2h26)  -      Drame   

 

Réal. :     Bela Tarr, Agnès Hranitzky  

 

 

Acteurs:  E.Bok, M.Kormos, J.Derszy ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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C'est de cette résistance à toute perspective de transcendance, à toute logique de variation, c'est de ce choix d'user son dispositif jusqu'à la corde, que résulte l'émotion la plus pleine. Béla Tarr conclut son oeuvre, tout simplement, à son sommet.

Une expérience unique de cinéma, sensorielle, poétique, énigmatique, inoubliable.

"Le Cheval de Turin" est l'un des films les plus puissants, les plus sensoriels, les plus engagés et les plus fidèles à l'idée de modernité cinématographique. Mais aussi l'un des plus compatissants. Et donc l'un des plus beaux.

Face à ce monument qu'est "Le Cheval de Turin", la production cinématographique actuelle ne semble proposer que de la verroterie.

Peu à peu, on comprend que c'est la fin du monde et que Béla Tarr n'espère plus rien, sinon nous hypnotiser avec son obsédante mélancolie. Magistral.

Cela pourrait être ennuyeux s'il n'y avait à chaque fois un détail différent. Chaque jour, des signes avant-coureurs d'un événement indéchiffrable.  Le vent qui persiste, les fermiers bloqués chez eux, le puits qui s'est vidé sans explication. Une tension monte de manière intermittente, comme une vieille douleur.

La matière du " Cheval de Turin " se divise entre une maîtrise indéniable de l'image, un rapport réel et non dénué d'empathie à l'humain, et une confiance exagérée dans l'éclat donné à une imagerie surannée et sur-signifiante.

Que certains crient au chef-d'oeuvre devant cette théâtralisation de la misère ne fait que prouver que l'entreprise de falsification a bien fonctionné.

Outre l'ennui quasi intolérable qu'il inflige, on se demande bien par quel bout "Le cheval de Turin" entend se réclamer de l'auteur du Gai Savoir.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Bela Tarr n'a jamais été aussi loin dans sa quête d'un cinéma pur, jouant essentiellement sur la cadence irrégulière des gestes, des mouvements et des déplacements de ses sujets filmés. La caméra, héroïque et fluide, permet l'hypnose d'une durée a priori impraticable, poussée à bout. Sous ses dehors d'épave rongée par le vent Le Cheval de Turin s'impose comme une colonne massive ombrant le vieil homme et la fille, tarissant le puits et faisant valser les feuilles mortes... Rarement un film aura aussi bien retranscrit l'impitié de la Faucheuse. Le Cheval de Turin est un chef d'oeuvre.

Que dire d'un tel chef d'oeuvre difficile à verbaliser tant il vous laisse sur le cul! non pas par l'intensité du dialogue mais plutôt par le travail de l'image qui apparaît comme figée. une lenteur des mouvements on a l'impression de vivre 24H c'est peut-être là son génie. La vie est dure pour les hommes et le bétail. la musique lancinante en rajoute une louche. L'épisode des gitans traduit un lourd passif ethnique! Film d'une force et d'une violence qui vous happent et vous hantent. Ah il faut s'accrocher mais comme toute oeuvre qui ne se livre pas comme cela. C'est bouleversant de vouloir parler de la vie sans compromis!

Quel expérience, c'est indescriptible. Étrangement, on ne s'ennuie pas. Les 2h20 défilent. D'autres films font gesticuler des personnages sur plusieurs scènes avec une bande sonore clinquante et pourtant, au final, on s'ennuie. L'habillage est toujours aussi loin de faire un film. Ici la bande sonore se résume au bruit du vent, constant tout du long avec de temps en temps ce thème lancinant. Visuellement j'ai beaucoup apprécié la réalisation, le noir et blanc est terriblement bien maîtrisé avec des cadrages qui vous parlent, impressionnant. Ce film est une expérience que peu retenteront je pense. Il est pour moi l'ode à l'abandon et à la résignation. Et donc par la même occasion, un hymne à la vie.

Un père, sa fille, reclus dans leur ferme isolée et vivant dans un dénuement total, sont observés sur une période de six jours. A l’extérieur, le vent souffle continuellement dans une ambiance post-apocalyptique. Qu’attendent-t-ils ? Quels dangers encourent-ils ? Que signifie la présence dans leur grange de ce cheval revêche ? Est-ce la fin du monde qui s’annonce ou bien nous trouvons-nous dans l’antichambre du néant ? Bela Tarr laisse le choix au spectateur d’imaginer toutes les hypothèses possibles. Pour adhérer pleinement à cette œuvre austère, il faudra en accepter les choix drastiques de mise en scène et de narration. La sublime image en noir et blanc et la qualité de la bande-son s’imposent au-delà même de toute appréciation sur la qualité globale de ce film destiné à un public pointu.

Film d'une force incroyable. Pas facile, mais dans le même temps cinématographiquement pour moi parfait. Magnifique critique sur cinéfiches.com: "Expérience cinématographique ultime qui met en scène et en abyme notre propre perdition existentielle, une invariable glissade vers le néant alentour qui vente et grouille dans les soupentes. En effet, sommes-nous tellement éloignés de ces deux personnages emblématiques de la nature humaine, avec sa récurrence quotidienne, ses insoupçonnables banalités et ses obstinés croyances, ballotés entre des besoins primaires incontournables, des activités professionnelles contraintes et des tâtonnements culturels limités ?

Hypnotisant... C'est la première fois qu'un film m'a emmené ailleurs..... dans une autre dimension... et ceci sans aucun produit....lol. Trêve de plaisanterie, ce film est un pur chef d'oeuvre.

 

Le film est fait pour envoûter avec une musique belle et lancinante. Ce procédé stylistique de lenteur et de répétition donne une impression de vide, d'absurdité. Le cheval est très peu présent en fait. Présence continuelle du vent. Sommes-nous dans un monde concret ou un monde abstrait sorti de la tête du cinéaste ? A vouloir être trop réaliste, cela devient irréaliste. Le style prévalant sur le récit. Soit on est envoûté, soit on est agacé.

 

Le film devient une excellente comédie quand les soupirs commencent à fuser dans la salle et les spectateurs ennuyés à se lever pour sortir en maugréant. C'est là qu'on jouit. Techniquement, c'est impressionnant, cette contrainte du plan séquence et du mouvement constant. C'est sûrement censé être beau et époustouflant, aux limites du religieux, mais c'est surtout de la frime. La thématique de l'éternel retour est traitée à l'opposé de la conception de Nietzsche : la répétition effective du même devient une mortification sourde et implacable, et non pas la possibilité de perpétuer un élan vital.

Bienvenue dans la tête d’un réalisateur qui souhaite faire partager au monde sa vision destructrice et très personnelle de l’apocalypse, même si cela consiste à vous enfermer dans une masure sordide pendant plus de 2 heures. Cela dit, le film présente quelques avantages. Cela laisse un peu de temps pour penser à la liste de courses, aux coups de fils qu’on doit passer, ou encore d’observer les éclairages de secours de sa salle de cinéma. C’est également une excellente occasion de tester sa résistance à l’endormissement, qui frappe impitoyablement tout spectateur n’ayant pas 8 à 10 heures de bon sommeil derrière lui. Certains parlent d’une œuvre magistrale qui décrit la folie, d’autres l’enfermement, d’autres encore l’apocalypse. Pour aller dans leur sens, je pense qu’on ne s’est rarement autant senti proche de l’enfer sur Terre, et que rarement la lumière de la sortie de salle n’aura été accueillie avec une telle bénédiction. Un grand moment de masochisme cinématographique.

Lorsque le plaisir est complètement absent alors que les images répétitives et désespérantes s'immobilisent sur l'écran, pourquoi n'être pas bon avec soi et sortir de la salle ? C'est le talent de Bela Tarr, chantera le choeur des critiques, que de vous fasciner.

 

 

 

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