CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1065 

 

 

n°1065
 
" Deux ou trois choses que je sais d'elle "

 

 

(1967)-(Fr)(1h27)  -      Drame    

 

Réal. :     Jean-Luc  Godard  

 

 

Acteurs:  M.Vlady, A.Duperrey, R.Montsoret ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Et Godard le cinéaste devint Godard le théoricien de l'image pour le meilleur et pour le pire surtout! Difficile d'être insensible aux fulgurances, aux commentaires souvent si justes sur le monde contemporain, de ne pas être ébloui par l'unité visuelle, mais......on n'est déjà plus dans la narration mais bien dans la démonstration d'où une pesanteur qui ne s'améliorera pas par la suite pour finir par lasser Godard lui-même. Dommage, d'autant qu'il faut bien l'avouer....on t'aime bien, Jean-Luc!

Ce film soulève plus de questions que de réponses et engage à l'action. "Si l'on me réduit à rien, je pourrais tout reprendre à zéro". C'est peut être là le véritable message de Godard. Tout le film, avec ses ruptures, ses longues conversations interrompues tout à coup, ses évocations pas conclues, ne montre au final que ça: la permanence du chaos même dans la banalité et la normalité étouffante des villes. Filmer et traduire en image la déambulation philosophique et pratique, c'est quelque chose de difficile et très beau quand c'est réussi. Pour moi, c'est le cas ici.

 

J'ai l'impression d'être devant un Godard tout ce qu'il y a de plus classique et de plus pénible avec lui. Le film possède des moments mais qui sont absolument géniaux (je pense au plan final, à l'introduction, aux voix off) et parfois on se tape des longues scènes qui franchement ne me font ni chaud ni froid, alors ok ça a un sens, mais je pense que Godard n'est jamais plus intéressant que lorsqu'il parle lui de ce qu'il fait, de ce qu'il montre, de ce qu'il dit, de ce qu'il veut dire, lorsqu'il met des personnages (si on excepte la période pré Pierrot le Fou) j'ai l'impression qu'il perd quelque chose à essayer de raconter un semblant d'histoire. C'est un film batard, d'un côté le génie à l'état brut et de l'autre une espèce de chose molle où je ne sais pas trop quoi dire.

C’est ce qui s’appelle « du pur Godard ». Avec toutes les qualités et tous les désagréments que ça implique… Déjà, réjouissons-nous : il aurait pu nous dire quatre ou cinq choses à son propos, et le spectateur aurait succombé, forcément. Qu’il ne se passe rien, qu’il n’y ait pas d’histoire linéaire ne devrait pas forcément empêcher le spectateur de s’intéresser au film. Le découpage un peu brouillon du film finit par porter un message confus. La volonté de distanciation marche un temps, puis lasse, vraiment. Marina Vlady n’est pas convaincante, c’est voulu. Mais, dans un film « social », avec un propos politique, si rien n’est convaincant, que faire, que penser ? N’empêche, certaines qualités sont indéniables. L’humour de God-Art, imprévisible, qui se pointe quand on n’attend plus rien du film. Et puis, la scène du café, bien sûr ! Magnifique, magique, intersidérale… elle compenserait presque l’heure d’ennui qui suit… Deux ou trois choses que je sais de lui, du film, c’est qu’il est bien quand on l’a vu, mais que le voir, ce n’est pas forcément évident.

Facile pour un spectateur de 2010 de démolir un tel film, mais faut se remettre dans le contexte : époque politisée à l'extrême où la culture baignait dans une sociologie marxisante. ça se voit ici, Godard se dresse, intellectuellement, contre "le grand vilain méchant Kapital et son complice le pouvoir gaulliste". Mai 68 va bientôt arriver...Sur le fond, le discours, bouillie philosophique gauchiste est incroyablement daté et franchement lourdingue. D'ailleurs on décroche sans arrêt. Sur la forme maintenant : film complètement déstructuré, sans queue ni tête, touché parfois, on ne sait trop par quels miracles, par quelques instants de poésie et de grâce précieux : la voix susurrée de Godard, le regard de Marina Vlady (le plus beau du monde, sans doute !), un gros plan sur une tasse de café...

50 ans plus tard, "2 ou 3 choses que je sais d'elle" sonne comme une tentative d'analyse ethnographique d'un monde qui se transforme : banlieue, moeurs, famille. La magie des couleurs, cadrages, décalages, dialogues abscons fonctionne toujours, tant ils restent rares. Sur le fond, le film sonne plus comme une oeuvre résignée, un passage à la maturité et au désenchantement où rien ne vient sublimer la démonstration.

Avec ce film, Godard aborde un sujet récurrent dans son oeuvre : la prostitution. Mais plutôt que de faire le portrait d'une prostituée, il nous offre la journée d'une femme obligé de vendre son corps. Ce choix scénaristique s'impose par le contexte dans lequel le film à été fait et inspiré par un article sur la prostitution. JLG y retrouve Marina Vlady, ancien amour, qui campe l’héroïne du film. Néanmoins, Godard se perd parfois dans son sujet et, de ce fait, le film accuse parfois des lenteurs. Ce film reste cependant très bon si l'on passe outre ces choix.

 

Ce qu'il y a de bien avec Godard, c'est qu'il ne laisse jamais indifférent. Il nous livre ici un film prout-prout, à base de phrases bien souvent sans queue ni tête. Blablabla. C'est chiant et cela n'apporte rien. La forme est en revanche plus intéressante, avec l'alternance de monologues, de scènes du quotidien, d'images sur lesquelles apparaissent les thèmes abordés, de chuchotements du narrateur. Le cadrage sort lui-aussi de l'ordinaire. Pourtant, le résultat est décousu et assez ennuyeux. On ne saisit pas pourquoi on passe d'une séquence à une autre. On ne comprend même pas parfois certains passages à cause de la qualité déplorable de la bande son. Bref, il s'agit pour moi d'un beau bordel qu'on veut nous vendre comme une brillante analyse sociologique.

Difficile de résumer ce film car il n'y a pas vraiment d'histoire ; c'est plutôt un collage de scènes, à l'image du patchwork de l'affiche. Godard a dynamité la narration classique, se livrant ici à une sorte d'essai qui brasse - tous azimuts - des réflexions sur la société française des années 1960 (société de consommation qui aliène l'individu), la politique de la ville, la guerre au Vietnam, le langage et la sémiologie... Cette déconstruction du discours est très moderne, certes, mais aussi confuse, voire hermétique, et prétentieuse dans son peu de souci en matière de communication. Toute cette broderie intello est globalement agaçante, parfois ennuyeuse.

Des scènes superflues et sans grande cohérence s'enchaînent, emboîtant des images abstraites et des dialogues absurdes, des situations surréalistes, des personnages qui ont des rôles à interpréter à divers degrés et philosophant sur tout et n'importe quoi avec une liberté certes jouissive mais souvent ennuyante du fait qu'il n'y a pas d'objectif réel semblant ressortir de cet étrange long-métrage bien évidemment loin d'être mauvais, qui ne m'a cependant tout simplement pas provoqué les frissons émotionnels équivalents à d'autres films signés Godard. Pour faire simple, il s'agit d'une oeuvre décousue à l'extrême, sans sens mais malheureusement sans grande poésie non plus (à part quelques trop rares instants isolés) qui donne un impression d'énorme pot-pourri regorgeant de bonnes et de mauvaises idées et n'ayant tout simplement pas de rythme, pas un minimum de consistance. Du coup, cela devient régulièrement pénible.

 

 

 

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