CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1018 

 

 

n°1018
 
" L'innocent "

 

 

(1976)-(It,Fr)(2h05)  -      Drame romantique   

 

Réal. :     Luchino Visconti   

 

 

Acteurs:  J.O'Neill, L.Antonelli, G.Giannini ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première      France Soir     Elle     Ouest France     Le Nouvel Obs    La Croix 

 

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Bon dieu que c'est beau ! L'adaptation à l'écran du roman de Gabriele d'Annunzio (sympathisant fasciste) par Luchino Visconti (descendant d'une célèbre famille d'aristocrates mais ayant flirté avec le parti communiste) est tout simplement sublime (au fait, les parenthèses politiques, c'est juste pour l'anecdote car elles n'ont aucun rôle ici). Le dernier film de cet immense cinéaste est une oeuvre dérangeante mettant en scène un monde hautement bourgeois intérieurement pourri que la vie n'a cessé de corrompre moralement. Les tromperies et autres vicissitudes amoureuses vont bon train, les adultères limites libertins (dans la façon dont ils sont décrits psychologiquement au niveau des dialogues) ne cessent d'alimenter une intrigue riche en rebondissements qui sait toutefois s'attacher de très près aux comportements de ses protagonistes et leurs bouleversements. C'est bien l'évolution de leurs caractères qui forme l'essence d'une oeuvre entêtante mais terriblement morbide où les fantômes exercent un rôle important, où la mort ne cesse de hanter ces esprits allant tout droit en enfer.

Le testament de l'immense Luchino Visconti est une fresque qui n'a rien à envier au Guépard ni à Mort à Venise pour sa beauté et sa nostalgie. L'histoire émouvante d'un aristocrate aveuglé par son orgueil et son honneur, qui ira jusqu'à commettre le pire des crimes pour servir l'égoïsme de ses passions. Une dernière fois, le maître dépeint la déchéance des êtres avec tout son génie et toute sa force.

Un très beau film dans tous les sens du terme . Visuellement superbe comme souvent chez Visconti les gros plans sur les visages très impressionnants . Sur le fond les comédiens sont excellents et on ressent cette jalousie qui monte sur le personnage du mari jusqu'à aller au dégoût. Le final est filmé encore une fois de superbe manière le tout très théâtrale.

Je n'avais jamais vu ce film, peut-être parce-que au moment de sa sortie les critiques avaient été mitigées, et que l'auteur dont le film a été tiré, D'Annunzio, est quelque peu indigeste. Sans compter que Giannini et Antonelli ne sont pas forcément mes comédiens préférés. Force est de reconnaitre que j'ai eu tort. Le film, qui gagnerait à être vu au grand écran, tant les images sont sublimes, est magnifique, je n'ai rien à rajouter aux critiques des spectateurs qui m'ont précédé. Et quel beau rôle Visconti a su donner à Laura Antonelli, magnifiant sa beauté et sa sensualité comme jamais aucun metteur en scène, en plus grande partie médiocres, avait su faire auparavant. Luchino lui a fait un précieux cadeau, et cela d'autant plus que la carrière de l'actrice s'est ensuite arrêtée à cause de différents problèmes de santé, qui l'ont amenée dans l'anonymat le plus total et l'indigence économique.

Grand film; signé Luchino Visconti, réalisateur génial de "Mort à Venise", "Rocco et ses frères" et bien sur "le guépard". Visconti démontre également la parfaite maitrise de ce que Deleuze appelera "Image Cristal". S'oppose en effet dans ce film sans cesse, les images actuelles et fictives, l'opaque et le limpide... Visconti exerce un formidable travail esthétique qui est certainement la plus grande qualité de l'oeuvre. Mention spéciale à la scène dans le jardin. Du point de vue de la mise en scène, donc, les plans sont absolument magnifiques. La gestion du mouvement est très travaillée, ambitieuse, qualitative et originale. Le jeu d'acteur est de qualité. La musique également et bien utilisée. Un film qui possède donc de réelles qualités. Avec un final surprenant et une ouverture intéressante.

 

Ultime œuvre de Luchino Visconti,"L'Innocent"(1976)peut se voir comme le reflet ou la suite du fabuleux "Guépard". L'Italie aristocratique de la toute fin du XIXeme siècle. Les intérieurs ultra-luxueux et clinquants. La Mort rodant autour d'êtres désespérés,désaxés comme ce Tulio Hermil,grand bourgeois égoïste,misanthrope et jaloux qui perd facilement les pédales. Quand sa femme et sa maîtresse le quitte tous les deux,il commet l'acte de trop... Le montage n'est pas maîtrisé,et aurait nécessité de nombreuses coupes. On peut aussi se lasser des échanges très théâtraux et empesés entre les différents protagonistes. Mais Visconti,entre amertume et nostalgie,parvient tout de même à faire passer un souffle glaçant sous les oripeaux des bonnes manières et de la luxure.

Ultime film réalisé par Luchino Visconti, L'Innocent raconte l'histoire d'un homme défiant en permanence les règles de la morale courante à Rome à la fin du dix-neuvième siècle. Il s'agit d'un superbe mélodrame au rythme assez lent certes mais aux images et aux interprètes somptueux. Visconti s'attarde sur les regards et filme ses acteurs en gros plans la plupart du temps. Le réalisateur démontre également que ces regards disent en permanence le contraire de ce qu'affirment les dialogues, en particulier pour le personnage de Tullio incarné par Giancarlo Giannini. Une histoire violente (la scène où l'enfant est exposé au froid de l'hiver est très dure), une histoire d'amour et de trahison conduisant à la mort telle une véritable tragédie. Laura Antonelli est superbe et ambigue. La deuxième partie pèche par un manque de rythme flagrant mais Visconti se rattrape par le soin extrême apporté à la mise en scène (certains plans évoquent des peintures) et à sa direction d'acteurs irréprochable. Pas un chef d'oeuvre mais un excellent film.

 

Visconti démontre une dernière fois sa précision, son goût pour les décors riches et les personnages torturés. Malheureusement j'ai eu du mal à m'intéresser au scénario replié sur lui même. Le film se déroule sans grande surprise et n'a aucune résonance.

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA