Eté violent (1959) représente,
pour moi, l'acmé de sa carrière. Un film de passion, exacerbé par
les circonstances de la guerre, et des sentiments amoureux d'autant
plus forts qu'ils sont menacés à tout instant par la mort. Noir et
blanc splendide, mise en scène inspirée et un Trintignant
formidable. C'est un chef d'oeuvre.
L'intrigue n'est pas nouvelle, le film
est parfois lent, mais on reste marqué par la beauté de l'image (un
très lumineux noir et blanc) et par l'étrange atmosphère oscillant
entre désir et raison, insouciance et état de guerre (rappelé
violemment dans la scène finale). A découvrir, absolument.
C'est du très grand cinéma d'auteur, la
mise en scène du désir amoureux, de la panique guerrière est d'une
subtilité unique. Trintignant n'a-t-il pas été un plus grand
comédien du cinéma italien que du cinéma français ?
Entre analyse assez fine et parfois même
un peu sèche, proche d'Antonioni, d'une jeunesse plutôt aisée et
description plus lyrique d'une relation amoureuse vouée à l'échec,
le film trouve un équilibre et finit par bouleverser.
Avec la 2nde guerre mondiale en arrière
plan, se tisse une romance délicieuse mais compliquée entre le
personnage de Trintignant et Eleonora Rossi Drago. Le duo d’acteurs
est magnifique (quelles étreintes tout de même !) et le jeu de
Trintignant mérite vraiment tous les applaudissements. La fin fait
l’effet d’une gifle, une belle gifle après 1h40 de plaisir
cinématographique.
L'amour se montre par petites touches, par des gestes ou des
paroles subtils, pas de grandiloquence, ce qui ne fait que rendre
plus émouvante cette romance. Enfin pas de grandiloquence...jusqu'aux
cinq dernières minutes qui gâchent un peu l'ensemble. Les cinq
dernières minutes qui auraient vraiment dû rester dans le même ton.
C'est réellement regrettable car sinon ça aurait été un grand film.
Considéré comme l'un des chefs-d'oeuvres de l'âge d'or du
grand cinéma Italien, "Eté Violent" mérite effectivement une
attention du même niveau que bien d'autres films lui étant
régulièrement préférés. Cependant, il manque un petit quelque chose
qui l'aurait certainement fait décoller entièrement vers les
sommets. Appelons ça de la magie, cette petite touche d'émotion
intense parvenant à toucher tout le long sans trop en faire. Cela, "Eté
Violent" ne le réussit pas constamment, et c'est ce qui le sépare du
plus grand Zurlini que sera deux ans plus tard "La Fille à la
Valise".
"Eté violent" parle d'une violente passion entre un jeune
homme et une femme sous la fin du fascisme, qui j'avoue m'a laissée
un peu en retrait. On pourrait dire que le film manque de cette
grâce qui habitait le cinéma italien de l'époque.
Et bien il en faut peu aux journalistes
pour s'extasier. Une histoire bateau et maigrichonne loin de ce
qu'on pouvait en attendre vu la période choisie, une réalisation
correcte, rien d'exceptionnel quoi.
|