Zurlini s'en sort avec les honneurs.
D'abord parce qu'il a su trouver des décors qui restituent
parfaitement l'ambiance de l’œuvre originale. Sa mise en scène (un
peu à distance des personnages) alliée à la musique d'Ennio
Morricone contribue énormément au souffle mystérieux qui se fait
ressentir dans tout le film. Il utilise sa mise en scène pour faire
passer à l'image toutes les émotions intérieures des personnages. Et
si l'ensemble traîne en longueur vers la fin, il n'en est pas moins
rempli de qualités.
C'est un film magnifique, certes pas
tout à fait fidèle au roman dans le déroulement (il me semble que
certains passages sont omis) mais totalement dans l'atmosphère
hypnotique du néant. Ce film est absolument fascinant, tant par ses
décors que par ses acteurs son ambiance, sa musique. Il m'en reste
un souvenir impérissable, tout comme le roman.
Un film émouvant et éprouvant d'après
Buzzati : "Absurde, se maintenait en lui, depuis sa jeunesse, cet
obscur pressentiment de choses fatales, une profonde certitude que
ce que la vie avait de bon n'avait pas encore commencé". Le film est
un hommage fabuleux à cet écrivain exceptionnel. Tout le monde ici
doit reconnaître la fidélité au roman: l'esprit, la tension, la
résignation, la lenteur, la colère, la mort. C'est superbe.
Un des plus grands films de l'histoire
du cinéma : stars au sommet de leur interprétation, scénario profond
et mystérieux, images inoubliables tournées dans le dessert, du
grand art.
Doté d'une distribution impressionnante,
d'une mise en scène colossale et soignée, profondément à l'unisson
du chef-d’œuvre littéraire dont il est inspiré, "Le désert des
tartares" est une belle démonstration de la qualité du cinéma
européen quand il existait encore !
Les premières scènes où l'on voit Drogo
quitter sa ville natale pour s'y rendre sont d'une beauté
intimidante. Mais il échoue à capter ce qui est au centre du livre :
la fuite du temps. Les maquillages destinés à vieillir les acteurs
sont trop voyants. Jacques Perrin incarne à merveille le jeune héros
idéaliste mais n'est pas très crédible en héros vieillissant.
Porter à l'écran une métaphore est une gageure. Le film n'y
réussit qu'à moitié. De ce film, on retiendra surtout la
beauté des images et les superbes décors naturels, la mise en scène
harmonieuse de Valerio Zurlini, la partition musicale sensible
d’Ennio Morricone et son casting exceptionnel. Mais cette histoire
aux réminiscences mortifères et peuplée de militaires au
comportement asexuel était-elle vraiment adaptable pour le cinéma ?
De mon point de vue, je trouve ce film très ennuyeux et assez vite y
sont présentes ses limites en termes de dramaturgie et de
rebondissement.
L'atmosphère du film reste
assez fidèle à celle du livre (notamment grâce aux décors) cependant
c'est au niveau de l'interprétation que le film déçoit. Difficile,
en effet, d'imaginer un acteur capable de restituer avec justesse,
l'anxiété et le mal-être dont souffre le pauvre lieutenant Drogo. Un
conseil donc, préférez le roman!
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